21 février 2012

MARDI 21 FEVRIER 2012 : BEER-SHEVA, MASADA

Aujourd'hui nous accueillons Marguerite, notre nouveau guide francophone, qui arrive ce matin même de la Galilée où elle habite. Au programme de ce mardi, Beer Sheva et Masada. Nous ne rentrerons pas à la Maison d'Abraham à midi. Nous pique-niquerons sur place.

Pour ce matin, nous partons en direction du site archéologique du Tell Sheva aux portes du Néguev pour évoquer Abraham par la route 60. Beer Shéva se situe au Sud d'Ascalon et d'Hébron. Le site est géré par l'administration des parcs nationux. Détail amusant, nous devons porter des casques de sécurité pour visiter le site. Nous en profitons pour faire une bonne partie de rigolade (Ah ces calédoniens, vraiment insortable!). Notre pauvre guide en fait son partie.
Casqué (et chat botté), nous sommes prêt pour l'ascension (petite) du Tell Shéva. Dans le fond, des tamaris. 
Depuis l'entrée du parc, nous devons monter à pied vers le Tell Shéva, qui est en fait une sorte de petite colline, en bordure d'un wadi (le Nahal Beer Shéva). Sur cette plaine, rien ne semble pousser.
Source Biblélieux.com

La ville que  nous découvrons au sommet est constituée par les galets provenant de la rivière située en pied et en brique crue. Le puits se situe à l'entrée de la ville.

Les fouilles réalisées attestent que le site était occupé depuis le IVème siècle avant Jésus-Christ. Selon les récits bibliques, elle date d'au moins l'époque d'Abraham. Le nom de Bersabée est  mentionné dans la Bible, dans le livre de la Genèse. On y trouve l'origine du nom de Beer-Sheva, le puits du serment : ce puits d'eau appartenait à Abraham et il pensa que les serviteurs d'Abimélec s'en étaient emparés sans sa permission. Pour résoudre le conflit, une alliance fut conclue, symbolisée par le don de sept brebis d'Abraham à Abimélec, roi des philistins (Gn 21, 25-32). Cette alliance donne naissance à un serment entre les deux hommes -chvoua signifiant serment en hébreu, d'où le nom de Beer (puits) Chvoua (Sheva) mais aussi Shiva (sept). On l'appelle aussi le Beer d'Abraham (le puits d'Abraham)

Il est également mentionné (Josué 19, 2) que Beer-Sheva était la ville la plus méridionale d'Israël pendant la période biblique. L'expression « De Dan à Beer-Sheva » est parfois utilisée dans la Bible hébraïque pour définir l'ensemble de la Terre d'Israël. Au loin nous voyons l'actuelle ville de Beer Sheva.
« Et tous les puits qui avaient été creusés ... à l’époque d’Abraham son père furent taris par les Philistins et remplis de terre... »
« Et Isaac recreusa les puits d’eau construits à l’époque d’Abraham son père... Et il les appela par le même nom que leur avait donné son père. »
(Béréchit 26, 15-18)
Abraham y planta un tamaris, ce petit arbre rustique qui résiste aux vents du désert et s'accommode d'une terre pauvre et salée. Abraham planta un tamaris à Béer-Shéva où il invoqua le SEIGNEUR, le Dieu éternel, par son nom” (Gn 21, 33).

Le Tamaris est cité encore deux fois dans la bible. Dans le 1er Livre de Samuel, à l’époque du premier roi d’Israël, Saül : “Saül était assis à Guivéa, sous le tamaris qui est sur la hauteur, sa lance à la main, et tous ses serviteurs debout auprès de lui” (1 S 22,6).
Dans ce même Livre de Samuel, le tamaris est à nouveau cité au chapitre 31, à la fin du 1er Livre de Samuel qui évoque la mort, dans un combat contre les Philistins, du roi Saül et de ses trois fils. Des habitants de Galaad “recueillirent leurs ossements et les ensevelirent sous le tamaris de Yavesh, puis ils jeûnèrent sept jours” (1 S 31,13).

Jacob passera à Beer Sheva sur le chemin de l'exil lorsque Yahvé lui ordonne de s'installer en Egypte pour retrouver son fils Joseph (Genèse, 46): "Israël partit avec tout ce qui lui appartenait, et arriva à Beer-Sheva, où il immola des victimes au Dieu de son père Isaac.(...) 


Au temps du roi David, Bersabée était la ville la plus méridionale du royaume hébreux. Beer Shéva fut détruit une première fois par le roi Assyrien Sennachérib en 701 avant l'ère chrétienne puis diparue en 587 avant l'ère chrétienne lors de la conquête Babylonienne.

Le puits a 40 m de profondeur et descend jusqu'au niveau de la nappe phréatique. IL a été creusé sur le tell en hauteur et non au niveau de la plaine alluviale.


Pour nous, habitants du Pacifique, nous pouvons nous souvenir que c'est dans ces plaines de Beer-Sheva, que la cavalerie légère australienne s'est illustrée le 31 octobre 1917 en prenant la ville de Beer-Sheva aux turcs après une charge de 3 km en terrain découvert. "Advance Australia Fair !"
Beer-Sheva, la ville moderne, est la sixième ville du pays, aux portes du désert du Néguev. Il existe à Beer-Sheva une agence consulaire de France.

Devant le guichet du parc, on peut voir une réplique d'un autel à cornes. En 1973, un autel identique avait été découvert sur le site de Beer-Shéva. Il est attesté que cet autel est un autel à sacrifice israélite.


La tradition veut que les plus anciens autels aient été faits de terre, tout simplement (Ex 20,24), ou encore d’une grande pierre à l’état naturel (jg 13,19 ; 1 S 6,14). Avec l’évolution de la culture, un autel construit est toléré, mais à condition que les pierres soient gardées à leur état brut, puisque le ciseau pourrait les profaner (Ex 20, 25; Jos 8, 31). L’autel de Beer-Shéva est en contradiction avec cette loi puisque c'est un autel construit avec des pierres taillées. Ceci est interprété comme le signe d’un culte yahviste contaminé, ce qui pourrait expliquer la condamnation du sanctuaire par le prophète Amos (Am 5, 5 ; 8, 14). Le serpent gravé sur une des pierres peut indiquer une certaine forme de paganisme.

C'est la loi qui prescrivait de munir le grand autel à sacrifices de cornes à ses quatre coins (Ex 27,2;38,2).

La corne, qui évoquait le taureau, était le symbole de force et de puissance (Ps 75, 11; 89,18,25;112,9). La corne de taureau ornait la coiffe des dieux du Proche-Orient ancien, comme signe de leur souveraineté sur le monde de la création. Israël l’avait de fait attribuer à Dieu, comme expression de sa foi dans la puissance de salut de ce dernier (2 S 22, 3). Ainsi les cornes de l’autel incarnaient donc en quelque sorte la présence divine sur l’autel : on comprend alors que le fugitif tombait sous la protection de Dieu s’il saisissait les cornes de l'autel (Ex 21, 14;1 R 1, 50;2,28), et que c’est en cassant ces cornes qu’un autel perdait son caractère sacré (Am 3, 14). Par ailleurs, l'autel a une hauteur de 1.57 mètres,soit trois coudées royales de l'époque de la construction, ce qui est aussi conforme à la Loi (Ex 27, 1;38,1;2 Ch 6, 13).

Après une longue promenade sur le site des fouilles archéologiques (remontant à l'époque d'Abraham) et être montés sur la tour de guet, nous repartons en direction de la mer morte. C'est une longue route depuis Beer-Sheva.

Nous nous arrêtons vers 11h30 sur la route de la Mer Morte, au niveau d'un point de vue aménagé sur la route 31 qui traverse le désert du Neguev. Nous avons emprunté la nouvelle route qui était en construction, il y a deux ans. La vue est magnifique sur la mer Morte mais aussi sur les montagnes de la Jordanie. Le pique-nique préparé par les cuisiniers de la Maison d'Abraham était copieux et bien préparé. Le temps est ensoleillé aujourd'hui et très agréable.


La mer morte avec ses salines et sur l'autre rive, c'est la Jordanie.
Après cet excellent pique-nique, nous continuons à descendre vers la mer morte afin de rejoindre Masada (Metzada en hébreux, qui veut dire forteresse).

Nous arrivons aux environs de 14h30 à la station de Massada. Nous avons droit à une petite séance de projection sur le site de Masada et sa place dans l'histoire d'Israël.


Nous prenons le téléphérique pour monter sur la fortesse située sur un éperon rocheux. Sur le trajet, nous pouvons voir des personnes descendant par la piste du serpent. C'est impressionnant de penser que certains montent à pied depuis le bas. Nous sommes en plein désert et l'été cela doit être étouffant. La hauteur des falaises côté Est est de 450 m.

Massada est un peu le fort Alamo des israéliens fac aux légions romaines après la destruction de Jérusalem sous Vespasien en 70 après Jésus-Christ. Ses défenseurs préférèrent se donner la mort plutôt que de se rendre et vendu comme esclaves par les romains. Pour prendre la forteresse, les romains de la Xème légion Fretensis commandé par le général romain Flavius Silva construisirent une immense rampe d'accès (un vrai travail de romain) côté Ouest (c'est-à-dire côté montagne. On peut supposer que les matériaux nécessaires à la rampe était plus facile à trouver de ce côté) et après sept mois de siège en l'an 73 prirent la forteresse. On peut toujours voir la rampe ainsi que les traces des camps romains (8) qui encerclaient la forteresse. Ces traces sont matérialisées par de petits murs de pierres de forme +/- carré pour les camps. le mur de circonvallation (marqué par le mur de pierre reliant ces camps les uns autres) ceinture l'éperon rocheux. C'est vraiment impressionnant.

Mais avant cette bataille, cette forteresse du désert fut un des palais d'Hérode le grand avec tout le confort de l'époque : des entrepôts, des bains, des palais, des réservoirs d'eau, une synagogue, des casernes, une armurerie, des jardins et des troupeaux. Une muraille ceinture totalement le plateau (1400 m de long).
C'est grâce à un astucieux système de collecte des eaux provenant du wadi voisin que la forteresse était alimentée par simple gravité. On estime que les eaux de ruissellement recueillies au cours d'une seule journée de pluie suffisaient à faire vivre un millier de personnes pendant deux à trois ans. Ce système a permis de transformer un rocher stérile et isolé au climat aride en une luxueuse retraite royale.

A l'époque byzantine, une église a été construite au centre du site. Longtemps tombé dan l'oubli (13 siècles), le site ne fut redécouvert qu'au 19ème siècle.

Masada est classé au patrimoine de l'UNESCO depuis 2001.



Nous redescendons par le dernier téléphérique, celui de 17h (nous sommes serrés comme des sardines en boîte). Nous partons pour Ein Gedi, mais malheureusement le parc est fermé à notre arrivée (il ferme à 17h lui-aussi) et nous reprenons la route de Jérusalem. Ce soir, nous avons nos bagages à préparer. 
Sur la route, nous pouvons voir les hôtels qui ont poussé comme des champignons au bord de la mer morte. C'est impressionnant, une sorte de Las Vegas dans le désert. C'est presque irréel.






Demain, nous partons pour la Galilée et quitteront définitivement la Maison d'Abraham. Mais c'est surtout le mercredi des cendres, le début du temps de Carême.


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