22 février 2012

MERCREDI 22 FEVRIER 2012 : MERCREDI DES CENDRES A NABI MOUSSA, LA GALILEE

Mercredi des Cendres 2012
1ère lecture : Lecture du livre de Joël (Jl, 2, 12-18)
Psaume 50
2ème lecture : Laissez-vous réconciliez avec Dieu (2, Co 5, 20-6, 2)
Evangile : L'aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime (Mt 6, 1-6,16-18)

Aujourd'hui, nous quittons Jérusalem et prenons la route de la Galilée. C'est avec un petit pincement au coeur que nous quittons la Maison d'Abraham et toute son équipe : le directeur, la communauté des soeurs dominicaine de Tours et les bénévoles. Nous avons été formidablement accueilli comme toujours et c'est grâce à eux que nous vivons ce merveilleux voyage.
Le temps est ensoleillé. La route sera agréable. Nous prenons la route du désert, en direction de la mer morte.

Nous nous arrêtons à Nabi Moussa où Jean-Bernard nous invite à célébrer l'entrée du temps de Carême qui nous mènera vers la joie de la Résurrection. Quelle belle invitation à nous pèlerins, ici en cette terre de l'incarnation, à nous qui, au travers des lieux saints que nous visitons, le cherchons dans nos coeurs. 

Jean-Bernard nous a trouvé un petit vallon caillouteux, aride, dénudé où nous célébrons ce mercredi des cendres. La célébration dépouillée, simple, au milieu de ce désert de Judée, la cendre faite avec les pauvres brindilles ramassées sur place est émouvante; Que de symboles !


Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.


Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.



Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j’étais pécheur dès le sein de ma mère.


Quelle joie de recevoir au milieu de ce désert l'imposition des cendres et l'eucharistie. La petite Thérèse en regardant une image de Notre Seigneur crucifié entendait sa voix nous dire "Sitio", "J'ai soif !", j'ai soif de ton amour. Puissions-nous nous aussi entendre cette voix et accepter de mourir avec lui !


Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; 
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.


Fais que j’entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.


Après la célébration, nous reprenons la route dans le silence et le recueillement. Nous avons du mal à quitter ce désert mais le bus nous emporte déjà vers Jéricho puis les rives du Jourdain que nous longeons jusqu'en Galilée.
Vestiges de la guerre, une chenillette Hotchkiss
(les mêmes utilisés par les iliens du Bataillon du Pacifique à Bir-Hakeim en 1942)
au routier où nous avons fait une halte pipi.
Nous arrivons en fin de matinée à Nazareth où Edouard nous laisse près de la fontaine de Marie dans la partie Vieille ville de Nazareth, sur l'avenue HA Galil. Nos bagages nous rejoindrons à la Maison des Soeurs de Nazareth ce soir.
Nous prenons le chemin de l'église du puits de Marie par la rue Al-Bishara. C'est l'église Saint Gabriel grec orthodoxe de l'Annonciation de Nazareth située sur une petite place commerçante. Après être entré dans son enceinte, il faut descendre quelques marches pour entrer dans l'église. L'église est richement décorée de fresques au plafond. Dans le fond de l'église, dans la crypte, se trouve un puits avec une source d'eau. Il nous faut encore descendre des marches pour arriver au niveau de la crypte du puits qui est en fait une sorte de couloir voutée. Un robinet situé à côté du puits, sur un des murs, permet de prendre de l'eau de la source.
Cette source alimentait en eau le village de Nazareth à l'époque de Jésus. Nous méditons sur ce fait que c'est peut-être ici que Marie venait puiser l'eau nécessaire aux tâches du quotidien (le ménage, la cuisine, etc) comme toutes les autres femmes du village. Jésus, Marie et Joseph ont vraisemblablement bu à cette source. Suivant la tradition orthodoxe, c'est auprès de cette source qu'aurait eu lieu l'Annonciation.

Le puit de Marie.

Sur la place devant l'église St Gabriel grec orthodoxe de l'Annonciation à Nazareth.
Nous remontons la rue Al-Bishara en direction de la Maison des soeurs de Nazareth car nous avons rendez-vous pour le déjeuner au restaurant Holy Land situé juste à côté. Nous devons faire attention car la rue est étroite et la circulation assez dense.
Nous ne passons pas par le souk comme il y a deux ans. En fait, la rue Al-Bishara est parallèle à la rue que nous avions empruntés il y a deux ans. Nous ne verrons pas la mosquée blanche ni l'église synagogue cette fois-ci.
Nous sommes content d'arriver au restaurant Holy Land. La devanture ne paye pas de mine mais l'intérieure est joliment agencée et très cosy. Le restaurant fait du bien. Nous sommes au chaud et nos ventres ont bien besoin d'un bon repas.


Nous avons droit à une soupe en entrée avec les crudités habituelles puis un plat de spaghettis et enfin du poisson.Au dessert, nous avons droit à une petite surprise. Pour leur anniversaire de mariage Jean-Bernard, Gratienne et Martine nous offrent du vin et un gâteau. Nous sommes gâtés.

Gratienne et le gâteau.
Après le café, nous reprenons la rue de la maison des soeurs de Nazareth en direction de la Basilique de l'Annonciation. Nous admirons le grand fronton et les portes en bronze avant d'aller vers la façade du Salve Regina que nous entonnons.




Puis nous entrons dans la Basilique au niveau de l'église inférieure où se situe la grotte de l'Annonciation (la maison de Marie, d'Anne et de Joachim). Une célébration s'y déroule. Je remarque une très belle statue de la Vierge Marie, un peu à l'écart, installée sur une petite tablette improvisée, dans une partie de cette immense salle. Elle est vraiment très belle et nous parle de la jeune Marie, la jeune épouse de Joseph, le charpentier.

Tu es toute belle, acclamer par les anges ....
Après quelques instants nous montant par un petit escalier au niveau de l'église supérieure décorée par de fresques représentant la Vierge et l'Enfant Jésus. Une ouverture dans le plancher de l'église haute centrée sur la grotte de l'Annonciation assure le lien entre ces 2 églises. L'orgue était en restauration lors de notre visite. On entendait l'harmoniste régler les tuyaux de l'instrument.


En sortons, nous nous arrêtons un instant sur la petite place séparant la Basilique de l'église.
Nous visitons ensuite l'église Saint Joseph située juste à côté sous laquelle on peut voir les vestiges de l'époque byzantine. L'église actuelle est bâtie sur les vestige de l'église des croisés et de l'église byzantine vue par Arculfe, évêque gaulois, vers 670. On dit que c'est ici que se trouvait l'atelier de Joseph. L'église et la crypte sont joliment décorées de fresques et de vitraux sur les principaux moments de la vie de Joseph.
Celui qui m'a le plus touché est celui de la mort de Joseph dans les bras de Jésus et de Marie. Jésus lui tient délicatement la main alors que sa tête est penchée sur son coeur comme si déjà il reposait dans le coeur de Dieu malgré la peine qu'il éprouve à quitter Marie. Le regard de Jésus est posé sur Marie comme pour la consoler. Cette épisode de la vie de Joseph est aussi représentée sur un vitrail de l'église de la Conception au Mont-Dore. 

Vitrail de la mort de Joseph dans la crypte de l'église Saint Joseph de Nazareth.
Quelle émotion pour nous, paroissiens de la cathédrale St Joseph de Nouméa, d'être ces lieux où Joseph a vécu, où il s'est Marié, à élever sa famille et où il repose. A chaque coin de rue, nous nous attendons à croiser Marie avec sa jarre remplie d'eau, Joseph et ses outils ou encore Jésus enfant, courant au milieu des camarades de son âge.

Nous ressortons par la rue Al-Bishara puis nous suivons l'avenue Paulus HaShishi. Marguerite nous emmène faire les boutiques. Le magasin se situe dans la rue principale.Il est amusant car on entre par une porte blindée (on dirait un bunker). A l'intérieur, les articles habituels (bibelots, bijoux et icônes). Nous y passons facilement deux bonnes heures.
Puis, nous prenons l'avenue Paulus HaShishi en direction de la maison des soeurs Clarisses. Toujours à pied. Certains d'entre nous souffrent un peu, surtout dans la grande côte, mais après tout nous sommes en pélerinage. Il y a un Hôpital français et un centre culturel français à Nazareth, juste dans cette partie de la ville.

Nous arrivons chez les soeurs en fin d'après-midi. Nous sommes reçu par soeur Joséphine (91 ans). Quelle joie de la retrouver encore cette fois ! Ce sera peut-être la dernière fois. Elle est toujours aussi alerte malgré son âge et c'est de bonne grâce qu'elle nous raconte la vie de Charles de Foucauld lors de son séjour au couvent de 1897 à 1900. Elle est intarissable. Quelle émotion quand elle nous raconte avec beaucoup d'humour la vie simple du saint dans la "cabane au fond du jardin" et aussi de sa démarche auprès du Patriarche de Jérusalem pour devenir prêtre en Terre Sainte mais Dieu avait choisi une autre destinée pour lui. Nous rions de bon coeur quand elle évoque le voyage des Touaregs à Rome à l'invitation du Pape lors de la canonisation de Charles de Foucauld.Nous passons un très bon moment en sa compagnie. Ces instants sont vraiment trop courts. Nous aurions tellement aimé pouvoir encore faire durer ce moment rare.
Après l'avoir chaleureusement remercié et la séance de photos terminée, nous passons faire quelques achats dans leur petite boutique. Chacun de nous met un point d'honneur à faire des achats dans cette boutique de communauté car nous savons que cela contribue à leur vie.
Puis, à la nuit tombée, nous reprenons le chemin du retour vers la Maison des Soeurs de Nazareth où nous attendent nos bagages. Il est un peu plus de 18h lorsque nous arrivons pour récupérer nos bagages et prendre nos chambres. Nous sommes accueilli par la Sainte Famille placée au centre de la cour. 
Cette année aussi je suis logé à côté chez les soeurs de Saint Joseph de l'Apparition comme il y a deux ans. Nous sommes plus nombreux cette fois-ci car nous sommes 11. Nos chambres sont très belles et les soeurs nous ont mis le chauffage à notre arrivée. Quelle touchante attention !
Je discute un petit peu avec la supérieure qui m'apprend la triste nouvelle du décès en 2011 d'une soeur originaire des Philippines qui nous avait accueillis il y a deux ans. 
Mais il nous faut déjà repartir pour le dîner du soir à 19 h chez les soeurs de Nazareth. C'est juste à côté à pied.
Un petit apéritif d'accueil a été organisé car d'autre groupe séjourne aussi chez les soeurs de Nazareth. 
Le dîner du soir est très convivial. Nous avons la surprise de voir arriver Tony qui accompagne un autre groupe. Après dîner nous avons droit à un petit récital de piano par Tony. Nous passons une bonne soirée à chanter et même à danser. L'ambiance est chaude. Cela fait du bien par ce temps froid.
La maison des soeurs de Nazareth a été construite sur un terrain connu depuis plusieurs générations comme le champs du juste ou plus exactement le champs du tombeau du juste. Personne ne savait pourquoi. Lors de fouilles à la fin du 19è siècle, des vestiges d'une église byzantine ont été retrouvés rappelant la description faite par Arculfe concernant l'église de la nutrition qui aurait été bâti sur la maison de Joseph. Des tombes furent mis à jour dont une avec un squelette en position assis et surtout une une grande tombe à plusieurs emplacement remontant à l'époque hérodienne mais qui n'aurait servi qu'à une personne. On peut voir graver sur un mur un poisson (l'Ichtus). 


Difficile de savoir avec certitude si c'est ici le tombeau de Joseph mais comment ne pas y penser et j'avoue que j'aime à croire que c'est le sien. Dans tous les cas le lieu nous porte à la méditation. 
Quant à la maison de Joseph, connaissant ce qui se fait en Nouvelle-Calédonie mais aussi en Israël, il est vraisemblable qu'elle se situe près de l'atelier de Joseph, donc sous l'église de St Joseph des Franciscains. Le champs du tombeau devait se situer en dehors des murs des limites du village à l'époque de Joseph. Ce qui serait plus logique au vu de la distance (200 mètres environ).
Malheureusement cette année nous n'aurons pas l'occasion de visiter ces vestiges. C'est une bien grande déception mais tellement à l'image de la grande discrétion de Joseph. Jean-Bernard me dit que c'est parce qu'il n'y pas de soeurs cette fois-ci pour nous guider. C'est vrai que nous n'en avons pas vu depuis notre arrivée. Ce sont des permanents et des salarié qui font tourner la maison. Je me trouve un peu privilégié d'avoir pu visiter ces vestiges il y a deux ans.
Nous rentrons tranquillement à la Maison des Soeurs de St Joseph de l'Apparition pour ne pas les faire veiller trop tard. Demain est une nouvelle journée. 
Ce soir la prière de Siméon prend un sens particuliers.

Maintenant, Ô Maître souverain 
tu peux laisser ton serviteur 
s'en aller en paix, selon ta parole. 
Car mes yeux ont vu le salut 
que tu préparais à la face des peuples : 
lumière qui se révèle aux nations 
et donne gloire à ton peuple Israël. 

Comme pour Moïse, le Patriarche dont vous évoquerons le visage au Mont Nébo en Jordanie dans quelques jours, Joseph nous laisse à la porte de la Terre Promise. Dieu qui l'a tant aimé l'a enseveli dans son coeur.

Nous te rendons grâce pour cette belle journée et pour ces rencontres qui nous parlent toujours de toi.
Nous qui sommes venu de si loin pour te rencontrer en ces lieux où tu marchas jadis et où tu continues encore à marcher à nos côtés, aides-nous à te trouver.
Bénis ces maison et ces personnes qui nous accueillent.
Que ceux qui souffrent puissent être guéris,
Que ceux qui ont faim puissent être rassasiés,
Que ceux qui sont dans la peine puissent être consolés,
Que ceux qui sont prisonniers puissent être délivrés,
Que ceux qui sont démunis puissent être comblés,
Que ceux qui sont en lutte puisse trouver la paix. 
Mon Dieu, en ce soir, je veux simplement te dire que je t'aime.
Amen.




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